Prix Jury Jeune 2025
Le Jury Jeune, composé des jurés d’Île-de- France et accompagné par Joséphine Lebard, journaliste, remet au film lauréat une aide de 1 000 € allouée par le festival.
Pour devenir membre du jury, les candidats doivent envoyer une critique sur le film de leur choix. Après avoir étudié les candidatures, le festival choisit les personnes qui ont rédigé les 5 meilleures critiques pour constituer le Jury Jeune.
En plus de bénéficier d’une expérience riche et intéressante pendant le festival, les 5 membres du jury ont la chance :
- d’assister à des rencontres professionnelles, spécialement conçues pour eux,
- d’être accompagnés par l’association Super Seven
*,
- de remporter une accréditation pour le festival national du film d’animation de Rennes**

*Pour en savoir + sur l’accompagnement de l’association Super Seven avec le Jury Jeune, ça se passe ici 👉 Super Seven · article
**Après avoir vu les 6 films de la compétition des longs métrages et décerné leur prix, les membres du jury, doivent envoyer à l’équipe du festival, une critique sur l’un de ces films. La meilleure critique permet à son auteur ou autrice de remporter son accréditation et le voyage, tout inclus, pour le festival national du film d’animation de Rennes.
Le Jury Jeune 2025
Myriam Atik
Marylène Babimba
Mars (Marylou) Dalys
Clément Guenot
Sasha Kouptsov
La grande gagnante du Jury Jeune 2025
Mars (Marylou) Dalys a remporté son accréditation à Rennes. Elle a choisi de rédiger sa critique autour du film Ollie d’Antoine Besse.
Voici sa critique :
Critique Ciné Junior – Ollie, Antoine Besse
Parvenir à faire décoller sa planche, la figure d’Ollie
Le ollie est la première figure de skate qu’on apprend. C’est celle de base, le premier trick qui fait soulever la planche, nécessaire pour avoir accès à la suite, pour sauter par-dessus les obstacles.
C’est aussi le titre du premier long-métrage d’Antoine Besse, porté par ce mouvement qu’il tend à illustrer. Nous y suivons Pierre, jeune garçon envoyé vivre chez son père après la mort de sa mère, alors qu’il navigue dans l’apprentissage de cette discipline aux côtés de Bertrand, ancien expert. Les conseils excentriques de ce dernier aident le novice à gagner en assurance tout en montrant le mentor tirer lui-aussi des leçons de cette relation.
Rares sont les films réellement marquants sur le skate tant il est difficile d’en capturer l’essence sans créer un aspect documentaire, mais Ollie s’impose en reprenant le côté éclatant et urbain de cet art qu’il replace dans un contexte de ruralité. En explorant ainsi cette pratique, Besse tisse des liens avec ce qui l’entoure, entre combats personnels (le deuil, l’indépendance, la confiance) et collectifs (l’agriculture, la famille…) sans finir, comme on peut le craindre avec certains premiers films trop gourmands, en soupe indigeste. Ici, les thèmes sont abordés avec tact : parfois survolés, parfois approfondis, mais toujours avec une grande justesse. Nous pouvons notamment penser aux scènes discrètes entre Pierre (Kristen Billon) et son père (Cédric Kahn) qui offrent un contraste avec les scènes plus explicites de harcèlement que subit le jeune homme, qui se montrent assez violentes pour refléter une dure réalité.
Une belle idée est la mise en parallèle des points de vue de Pierre et Bertrand, tous deux hantés par leurs propres démons et liés d’une manière atypique et touchante. Le skate leur sert de point d’ancrage pour panser leurs blessures et échapper un environnement dur ou un passé à vif.
Entre les problèmes d’ado de Pierre, qui subit un violent harcèlement et tombe amoureux pour la première fois, et ceux de Bertrand, plus durs et adultes (le deuil, la dépendance), tout un chacun peut s’identifier d’une manière ou d’une autre à l’un d’eux. Bertrand est rendu vivant par l’interprétation de Théo Christine, adulte marginal et paumé, qui sert de poumons au film. Explosif, silencieux, menteur, rieur… l’acteur sert une performance qui va chercher au plus profond la psyché de son personnage, offrant des scènes particulièrement marquantes où il s’effondre brutalement. Il crée un délicat contraste avec le jeu de Kristen Billon, qui joue aussi bien l’apprentissage du skate que celui des relations amicales, amoureuses, et familiales d’une manière d’autant plus impressionnante et touchante que le jeune homme n’est pas professionnel, comme plusieurs ados du film. L’écriture d’Antoine Besse nous dresse ici un portrait subtil et doux de l’adolescence et sa grande quête pour trouver sa place.
Or, tout cela s’appuie sur une situation sociale complexe qui s’infiltre dans le récit à travers les yeux de Pierre : au fil d’une dispute entendue à travers un mur, une scène aperçue par la fenêtre… La mise en scène parvient à glisser un message sur la difficulté de la condition des agriculteurs en France entre tous les problèmes d’adolescent de Pierre, prouvant la précision et la subtilité de la réalisation. Cela permet d’apporter un degré de profondeur au film et de développer un paysage rural trop peu représenté au cinéma, mais sans pour autant parasiter la relation qui se développe entre Bertrand et Pierre.
Ollie est donc beaucoup de choses et bourré de qualités, mais il est avant tout touchant et sincère. Il bénéficie d’une grande maîtrise de l’image, avec une scène d’ouverture dans une rave party particulièrement impactante dans son usage de la couleur. Une qualité qui laisse par ailleurs naître une certaine poésie (nous retrouvons un chien blanc symbolique qui rode comme un fantôme autour de Bertrand) qui s’équilibre avec la violence (du harcèlement, des coups, de la drogue) que l’on ressent dans le film.
L’écho que trouve ce film auprès d’un public de tout âge n’est pas surprenant : au coeur de la thématique très actuelle du harcèlement chez les plus jeunes, Ollie est un film important. A la fois classique du film d’apprentissage et profondément original dans son identité et ses personnages, il est garanti d’être un coup de coeur pour beaucoup.
Mars Dalys
Partenaire du Jury Jeune

